Une journée à l'école

J'ai passé une journée formidable à observer le fonctionnement d'une petite école Montessori.

C'est un mélange d'impatience et d'excitation qui m'animait lorsque je me suis garée sur le parking de la petite école. De l'extérieur, elle ne paie pas de mine, la maison est large et carrée et fait plutôt penser à un bâtiment industriel. J'échange un sourire avec deux mamans qui arrivent en même temps que moi. Il n'y a pas foule ! Ici, les enfants arrivent à leur rythme, les uns après les autres, l'accueil se faisant entre 8h30 et 9h. Je rencontre rapidement l'éducatrice des tout petits et celui des 3-6, chacun s'affairant à préparer sa classe. C'est A., assistante pour les 6-12, qui s'occupe de me montrer l'école. Je fais donc le tour de la classe des petits, des moyens et des grands. Je suis frappée par la place dans chaque classe ! 

Chez les tout-petits, l'ambiance est chaleureuse et feutrée. Quelques étagères avec quelques versés, des tris de boutons, des puzzles et jeux éducatifs. Tout est à portée des petites mains. Dans la seconde moitié, une ellipse bleue est au sol, et les casiers des enfants s'alignent sur le mur du fond.

En 3-6 ans, pas de bureau traditionnel, seulement quelques petites tables éparpillées dans l'ambiance. Une large ligne bleue trace une ellipse au sol, autour de laquelle sont placées des petites chaises, sur lesquelles sont accrochés les noms des enfants. Ainsi, chacun a sa place attitrée et ira s'installer où il le souhaite. Les étagères s'éparpillent le long des murs, chargées de matériel, d'images, de papiers de couleur, de fiches d'écriture... Dans un coin, un grand coin "peinture" est à disposition des enfants. Dans un autre, un petit meuble sur mesure avec une bassine intégrée au plan de travail, et un broc rempli d'eau. Tout est à hauteur des enfants, aucune grande armoire, bureau de maître, grande chaise. Les éducateurs se mettront à la hauteur des enfants. Du plafond pendent les oeuvres des enfants, feuilles, bricolages colorés... il vaut mieux ne pas être trop grand !

Je monte un escalier pour entrer enfin dans l'antre des plus grands. Je retrouve des choses plus connues, comme le bureau du maître ou les tables d'élèves alignés en rang. Mais dans la deuxième moitié de la classe, l'ambiance n'est plus la même ! Les mêmes étagères courent le long des murs, chargées de matériel pédagogique. Et au fond de la classe, une petite porte s'ouvre sur une belle pièce d'arts plastiques et de musique. Quel bel et grand espace pour travailler...

Au milieu de ces trois ambiances, au rez de chaussée, un grand espace lecture est installé dans l'angle. Les enfants qui arrivent à l'école s'installent là, prennent tranquillement un livre, attendent l'heure de se mettre au travail.

P., la directrice, m'accueille au rez de chaussée où les enfants commencent leur matinée en mettant le couvert du déjeuner. Chacun a une tâche précise, et s'affaire en comptant les couteaux ou les verres. Elle me dit qu'aujourd'hui, j'observerai les tout-petits et les 3-6 ans, et que je passerai la journée de demain avec les grands.

Me voilà donc installée chez L., qui s'occupe des tout petits. Les enfants arrivent, gardent leur doudou ou leur tétine, et certains ont déjà attrapé un plateau et se sont installés sur une petite table pour travailler. L'ambiance est plutôt calme, même si elle est ponctuée de mouvement ou d'exclamations. Trois enfants sont assis près du bac de livres, et d'autres tournent autour de L. qui répond aux demandes de chacun dans le calme. Quelques présentations plus tard, l'ambiance est posée avec une rapidité surprenante.

A 10h, je fais un saut chez les moyens pour voir ce qui s'y passe. J'ai l'impression d'entrer dans une fourmilière ! Ce n'est pas silencieux comme dans une classe standard, chaque enfant parle, commente, discute avec son voisin... cela ne semble pas déranger les éducateurs qui n'interviennent que si le ton monte un peu trop haut. Un enfant est installé au sol, et commence une dictée muette. Une petite fille, allongée devant son tapis, a sorti le planisphère et les deux globes. Elle attrape les pièces du puzzle et les reproduit sur une grande feuille de papier. N. donne une leçon avec les perles colorées, et D. revoit des lettres rugueuses avec un autre enfant. Chacun est affairé à sa tâche et ma venue ne semble pas les troubler le moins du monde. Trois petites filles s'avancent timidement pour me demander ce que je viens faire ici. Je leur répond que je viens regarder leur classe et comment ils travaillent, et elles retournent à leurs mandalas. Elles viendront m'offrir leurs dessins un peu plus tard. 

Je retourne en 2-3 ans pour le temps sur la ligne. L. chante des chansons avec les enfants, puis les fait marcher sur la ligne à pas de fourmi, sur le côté, en sautant à l'intérieur puis à l'extérieur... les enfants refont, enchantés, chacun des gestes de leur éducatrice.

A cette matinée s'enchaîne le temps du repas. Le sentiment qui domine en les voyant s'activer est "liberté". En effet, chaque enfant s'active, s'installe, mange puis donne un coup de main pour ranger et nettoyer si c'est son tour de service.

L'après midi, nous confectionnons des cartes de noël que les enfants iront vendre pour récolter des fonds à donner à une fondation. Ils sont très motivés et s'appliquent beaucoup.

Fin de ma journée, je papote avec les enseignants et rentre retrouver mes loustics qui ont envie de tout savoir ! Quelle belle journée...