Ambiance tout à fait différente le lendemain quand je rentre dans l'école. En effet, connaissant les lieux, j'ai moins le sentiment d'être propulsée dans un univers inconnu. Je dis bonjour à toute l'équipe, et je monte au 1er pour prendre quelques photos de la classe. Les enfants arrivent au compte-goutte, chacun s'installant sur son bureau, ou au sol pour un temps d'activité personnelle.
La salle ressemble dans sa première partie à une classe ordinaire, bureau du maître, tableau, pupitres en rang. Au fond de la classe, l'ambiance change : des étagères courent le long des murs et sont chargés de matériel pédagogique. Si la partie mathématiques est très fournie, je reste un peu déçue devant le matériel de langage...
P. me fait signe de m'approcher. Près d'elle, je me présente à la vingtaine d'enfants qui me regardent avec curiosité. Je leur dis comme je suis ravie d'être parmi eux et d'observer comment ils travaillent.
Puis, chacun se met au travail. Je suis surprise de voir une grande partie de ces enfants démarrer avec des fiches de travail. En effet, m'explique P, il ne faut pas être en trop gros décalage avec l'Education Nationale, surtout pour les enfants qui risquent de retourner dans le système scolaire classique. C'est ce qui explique les pupitres et le bureau du maître.
Cependant, assez rapidement, une grande partie des enfants se retrouve sur un tapis pour travailler les mathématiques. Chacun a un cahier, sur lequel sont notées les opérations à effectuer. Mémorisation de l'addition, de la soustraction, division, grandes opérations, chacun travaille à son rythme et le fourmillement de fond n'est interrompu de temps en temps que par les éducatrices qui interviennent pour faire baisser le niveau sonore.
Dans un coin de la pièce, C. s'occupe de quelques enfants en ateliers particuliers. Ils révisent ainsi leur conjugaison, des mathématiques, de la grammaire, assis à leur bureau, exclusivement avec le matériel Montessori.
Mais voilà que sonne 11h. Les enfants s'interrompent et se retrouvent dans la pièce-atelier, pour partager un goûter convivial. Tous assis en cercle, ils écoutent trois enfants qui ont apporté un livre de chez eux et qui veulent le présenter au groupe. Puis, C. fait avec eux de la sophrologie, tandis que je retourne dans la classe avec P. pour lui poser quelques questions.
Après le déjeuner, c'est atelier cartes de Noël, comme la veille. Il faut voir l'enthousiasme des enfants pour tracer et découper ces longues bandes de papier qui seront la base des cartes ! Après quoi, ils partent rejoindre les "moyens" pour répéter le spectacle, tandis que nous restons en haut pour rattraper les coup de ciseaux hasardeux...
P. rassemble les enfants pour un conseil de classe avant la fin de l'école. Les enfants parlent librement du bon fonctionnement de la classe, de leur attitude vis à vis de l'un ou de l'autre. L'un d'entre eux soulève le problème des jeux de lutte pendant la récréation. En effet, il a du mal à gérer l'excitation quand il est entré dans le jeu, et "dis des choses qu'il n'a pas envie de dire, et que "untel" n'a pas envie d'entendre". Un autre demande à une petite camarade "d'accepter de jouer avec eux en récréation, car elle avait exprimé le souhait d'avoir plus d'amis, et qu'ils ont fait l'effort d'aller la trouver"... toutes ces considérations m'édifient, car je sens un respect mutuel et une maturité des relations entre chaque enfant qui m'impressionne.
La fin de la journée se termine sur un goûter festif, pour fêter Saint Nicolas et la joie d'être tous ensemble. Les enfants, les éducateurs sourient, il y a ici quelque chose d'heureux et de simple, qui donne envie de rester longtemps...