lundi 14 novembre 2011

Poésie de la semaine

Le loup et la cigogne


Les loups mangent gloutonnement.
            Un loup donc étant de frairie, 
            Se pressa, dit-on, tellement
            Qu'il en pensa perdre la vie.
Un os lui demeura bien avant au gosier. 
De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier, 
            Près de là passe une cigogne.
            Il lui fait signe; elle accourt.
Voilà l'opératrice aussitôt en besogne. 
Elle retira l'os; puis, pour un si bon tour,
            Elle demanda son salaire.
            «Votre salaire? dit le loup:
            Vous riez, ma bonne commère!
            Quoi! Ce n'est pas encor beaucoup
D'avoir de mon gosier retiré votre cou?
            Allez, vous êtes une ingrate;
            Ne tombez jamais sous ma patte.»



Jean de La Fontaine, Fables


de frairie : Sorte de banquet réunissant les membres d'une même confrérie. Selon Furetière, il s'agit d'un divertissement, partie de plaisir. 

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